… c’était le début de la caresse d’une reprise possible ? On pourrait envisager l’hypothèse d’un éventuel retour à une meilleur année… C’est un peu timide comme annonce, mais vus les chiffres, difficile de faire autrement. Et c’est un peu le message qui ressort après l’annonce par le Seimat des ventes 2024 du matériel en France. Une année qui fut (très) difficile, avec un marché du neuf tendu, et des stocks assez élevés chez les concessionnaires qui ont eu bien du mal à trouver preneur. De quoi plomber le moral des plus vaillants ! Un véritable coup de mou après de belles années successives, mêmes si de nombreux acteurs avaient quand même senti le vent tourner.
C’est donc avec des mots prudemment choisis que l’on nous a présenté le « triste » bilan 2024. Année sur laquelle peu d’acteurs ont pu faire bonne figure, tous secteurs confondus. La palme de la plus grosse claque revient au béton, avec un -47 % sur l’année. Le levage limite la casse avec seulement -10 %. Le segment du compactage ne chute « que » de 14 % quand le terrassement accuse -21 %, suivi du secteur des compacts avec -28 %. Le décor est planté : avec un -20 % global, ça fait mal ! On retombe, en somme, aux volumes des années 2015.
Attention toutefois… ce chiffre est une moyenne et l’on retrouve sur l’hexagone de grandes variations régionales parfois inattendues… Si l’on s’attache au secteur du terrassement, particulièrement représentatif, on note des disparités aussi surprenantes que – 8% en Bretagne alors que son voisin Normand s’effondre de 43%. Le Nord s’en sort aussi relativement bien avec une baisse contenue de -17%…quand à l’opposé, l’Occitanie perd 25 points par rapport à 2023.
Le pourquoi du comment
On va la faire courte : il y a des choses qui s’expliquent malgré tout. Le bâtiment s’est contracté pour revenir au niveau des mises en chantier de l’année 1954 ! Et cette crispation a naturellement emporté avec elle tous les secteurs connexes dont les entreprises de terrassement, les spécialistes du réseau, les maçons, etc, tous consommateurs de matériels.
Les gouvernements successifs et le climat d’instabilité globale n’ont pas non plus encouragé à l’investissement. La visibilité pour les entrepreneurs devenant nulle à court et moyen termes… je ne parle même pas des perspectives à long terme. En clair il fallait vraiment y croire pour se lever le matin. Mais c’est quand même la chance d’avoir un secteur de lèves tôt et de bosseurs : les entrepreneurs ont remonté leurs manches (une fois de plus) et sont allés au charbon. Résultat : ils ont malgré tout « bricolé » ici et là, et au final, ils ont pour la plupart globalement sauvé les meubles.
On peut aussi noter que les loueurs ont aussi contribués à creuser la tendance baissière. Acheteurs en volume de matériels, quand ils toussent, c’est les constructeurs qui s’enrhument. Et la prudence de ces gros investisseurs sur l’année écoulée a naturellement eu un impact sur le marché global. Ils ont pesé 16 % du marché quand leur poids a pu atteindre jusqu’à 35 % d’un marché en pleine croissance. Pour info, la moyenne des loueurs est de 30 % sur les années 2014 à 2023 ! ça fait un sacré delta non ?
Alors quid de 2025 ?
Si la perspective est timide, il n’en demeure pas moins que le soleil est malgré tout derrière les nuages. En maintenant avec un niveau équivalent à 2024, on part avec une année moins « surprenante » que la précédente qui a été une succession de coups de freins et de frilosité due à un contexte global flippant. Les JO auront beau avoir mis un peu de baume au cœur des français… ça n’a pas non plus fait oublier qu’on naviguait littéralement à vue et qu’il était bien difficile de se projeter. Pour preuve, même les gouvernements successifs n’y arrivaient pas non plus. Alors les donneurs d’ordres et les entreprises avaient peu de chance d’entrevoir quoi que ce soit de positif.
Pour parler des perspectives et finir de brosser ce tableau, il faut noter que de façon surprenante, c’est surtout sur le dernier trimestre que le marché s’est le plus tendu. Est-ce pour autant un indicateur de tendance à un effondrement sur 2025 ? Et bien il semblerait que non. La plupart des acteurs interrogés jugent que l’année 2025 sera étale par rapport à 2024. Les plus optimistes vont mêmes jusqu’à penser que l’on pourrait retrouver un trend positif avec un timide +2 % ! Soyons fous !
Bref. J’ai bon espoir que l’analyse du Seimat soit vraie et que le secteur retrouve un nouveau souffle. Timide peut-être, mais positif malgré tout. Et il y a quand même de bonnes raisons d’y croire ! Les constructeurs n’ont pas pour autant stoppé leur développement produit qu’ils vont pouvoir présenter sur les grands salons et les évènements en France et en Allemagne ! Cette année sera donc celle de tous les défis pour parvenir à ce résultat. Il faudra être encore meilleur que les années précédentes pour y arriver. Alors on va encore tous se remonter les manches (on doit plus être bien loin du « Marcel » depuis le temps) et on y croit : à chaque jour suffit sa peine, et chaque affaire gagnée sera une véritable victoire à savourer sans modération !
Louis Roizard / heureux fondateur