
En 75 ans d’histoire, Liebherr a bâti son développement sur sa capacité à se diversifier et à se décentraliser, garantissant la pérennité de la marque et son indépendance capitalistique. Ce modèle fait preuve une nouvelle fois de résilience au moment où ses marchés historiques, l’Allemagne et la France, sont en récession et où pourtant son CA va franchir les 15 milliards d’euros. D’ailleurs, à juin 2024, le groupe enregistre 10 % de plus de commandes qu’en 2023 sur la même période. Les Etats-Unis et Canada tirent l’activité et le Mining enregistre un marché exceptionnel de 2,5 Mds€ avec un exploitant australien pour 475 engins miniers électriques.
C’est à Kirchdorf en Bavière que tout a commencé pour Hans Liebherr qui dévoile en 1949 sa première grue mobile au monde, la TK10. A partir de là et pendant 75 ans, le groupe familial n’a cessé de grossir pour devenir un des plus grands fabricants d’engins de chantier avec quelques 150 sociétés, plus de 50 000 personnes, 13 grandes divisions et un chiffre d’affaires en 2023 de plus de 14 milliards d’euros.
Visionnaire, Hans Liebherr a construit son entreprise autour d’un projet citoyen, la reconstruction de son pays, la grue étant pour lui le bon outil pour accélérer la mise en œuvre des chantiers. Il a aussi la volonté d’apporter des technologies de rupture en vue de renforcer son indépendance face aux fluctuations conjoncturelles et à la volatilité des prix du marché.

“Les principes fondamentaux de la diversification, que ce soit au niveau des produits ou des pays, et de la décentralisation, avec des unités opérationnelles indépendantes, souples et efficaces, contribuent aujourd’hui encore fortement au succès de l’entreprise”, Stephen Günther, Membre du Board de Liebherr International
Résister face aux incertitudes
Ce n’est pas la première crise traversée par le groupe Liebherr, mais il est clair que celle actuelle est sévère, notamment en Allemagne, qui pour la première fois de son histoire va assister à des fermetures d’usines automobiles chez VW. Pour autant, Steffen Günther, Membre du Board de Liebherr semble serein : “notre capacité à résister prouve le bien fondé de notre modèle décentralisé et diversifié avec des branches autonomes financièrement. Aucun licenciement n‘est prévu à ce jour, bien au contraire nous embauchons. Et nos investissements en R&D à hauteur de 600 M€ sur le milliard prévu pour la croissance structurelle du groupe sont respectés. De nouvelles usines et centres logistiques vont être construites en France et en Allemagne. L’inquiétude est plutôt du côté des sous traitants, mis à mal par le ralentissement de la demande européenne dans beaucoup de secteurs industriels. Ils représentent pourtant un maillon essentiel de notre chaîne logistique que nous espérons pas perdre«
Si l’Union Européenne représente toujours la majorité du business de Liebherr (6,5 Mds€ en 2023 sur les 14 Mds€), sa part devrait se réduire sur 2024. Le secteur de la construction est à l’arrêt, ce qui impacte fortement les ventes de grues à tour, des foreuses de fondation et autres centrales, malaxeurs et pompes à béton. Et dans une moindre mesure les machines de terrassement, on parle d’une production en baisse à Colmar de 25 % pour les pelles sur chenilles.
A l’inverse des secteurs continuent de très bien se porter comme l’extraction de matières premières dans le monde entier. Liebherr Mining vient de signer le plus gros contrat de son histoire avec l’australien Fortescue, pour l’achat de 475 machines zéro émission : 360 tombereaux rigides électriques et autonomes, 60 bouteurs électriques et 55 pelles électriques.
Décarbonation et digitalisation
Depuis plusieurs années, le groupe planche sur sa trajectoire zéro carbone en développant régulièrement des technologies propres pour ses engins : HVO (Hydrated Vegetable Oil), hydrogène et amoniac. Liebherr propose depuis longtemps des pelles électriques avec branchement filaire en carrières et en manutention, tout l’électrification de sites du type câble trolley pour les camions. Ou encore du 100 % électrique sur batteries sur sa chargeuse L507 et pelle sur pneus A918
Sur la partie digitalisation, comme l’explique Heinz Klemm, directeur général du Liebherr Development Center (LDC) : » La digitalisation améliore l’efficacité des produits, services et ouvre de nouvelles opportunités commerciales. C’est pourquoi Liebherr adopte une approche globale de la digitalisation, en l’appliquant aux 13 segments de produits et à chaque étape du parcours client. Les solutions numériques couvrent un large éventail d’applications, de l’analyse à l’automatisation, en passant par l’exploitation et la maintenance ”.
En parallèle Liebherr intègre de plus en plus l’intelligence artificielle (IA), pour exploiter les capacités de l’internet des objets (IdO). Comme pour les chantiers, les capteurs IdO des machines transmettent des données en temps réel sur leur emplacement, leur état de fonctionnement et leurs défaillances potentielles.
En interne, Liebherr utilise la technologie de l’IA dans la production ou dans le département de recherche et développement. Ainsi, assistés par la robotique et les unités de contrôle IA, la production s’automatise et les contrôles de qualité précis. En temps réel, il y a une identification des écarts et défauts, avant l’arrêt de production. Au sein du département de recherche et développement, l’IA contribue notamment à l’élaboration de scénarios de simulation et de test.
L’usine de Kirchdorf

L’usine de Kirchdorf est le berceau de la pelle sur pneus et industrielle de Liebherr, mais aussi le terrain d’essai des tombereaux articulés. En 2023, la production a battu un nouveau records avec 3 813 machines sorties des chaînes. La gamme actuelle se compose de 12 modèles de pelles sur pneus de 12 à 28 t, de pelles de manutention de 17 à 200 t (LH18 à LH150), et le seul et unique modèle (pour l’instant) de tombereau articulé, le TA 230. En plus des accessoires Liebherr comme les grappins, attaches rapides, tiltrotateurs….
