Mecalac : prudence et ambitions

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Mecalac

Ce que j’aime chez Alexandre Marchetta, c’est qu’il est franc et cash : ses idées, ses mots, ses façons de faire sont claires, directes et pragmatiques. Aux commandes de Mecalac, dont il pilote le fort développement, autant dans la gamme que les pays, de ces dernières années, il nous dévoile, lors d’un entretien sur ses terres, une vision sans retenue de son métier d’industriel, teintée de perspectives ambitieuses malgré une grande prudence. Gouverner, c’est prévoir. Et c’est parfois bien difficile à faire dans le contexte actuel. 

Il y a des choses qui deviennent plus compliquées à anticiper et planifier. L’industriel est, comme tous les acteurs sur le secteur, impacté par une pénurie ou des retards de livraisons de certains composants, indispensables pour sortir les machines des chaînes de production. Et le prix de matière première qui explose ne facilite pas la vie ni les perspectives de Mecalac.

« Toutes nos machines sont composées principalement d’acier, explique le dirigeant, et avec le prix de la matière qui passe de 650 € à 1 800 € la tonne, voire qui peut même s’envoler à plus de 2 200 € pour ceux qui spéculent, difficile de contenir le prix de nos machines, même si, pour l’instant, on « encaisse » pour limiter les augmentations en 2022. On fait le dos rond… mais ça ne pourra pas être éternel. Quand aux approvisionnements de composants, c’est aussi compliqué. On a de plus en plus d’électronique embarquée, modernité oblige, et on pâtit forcément des difficultés d’approvisionnement, c’est un euphémisme ».

JCB 25Z

Pour l’instant, Mecalac absorbe autant que possible l’ascension des cours… mais on comprend que la question préoccupe l’industriel, surtout que la croissance (et la demande) est non seulement française, mais aussi importante à l’export, démultipliant cet impact à grande échelle. « Malgré ce contexte compliqué, l’industrie a retrouvé un dynamisme avec des volumes annuels en Europe qui montrent une reprise significative après le creux de 2020. C’est une chance, on l’oublie parfois, mais on a bénéficié, entre autres, d’un soutien pendant les périodes de confinement et ensuite, de plans de relance post-Covid et d’investissements continus dans l’environnement bâti de l’UE, ce qui a sans doute préservé notre secteur et nos industrie ».       

Pertinence locale

Le groupe Mecalac a affiné sa stratégie (gagnante et pertinente) de développement international en optimisant la fabrication des machines qui sortent de ses usines pour les pays auxquelles elles sont principalement destinées. L’usine anglaise s’est donc spécialisée sur les moto basculeurs jusqu’à 10 tonnes. « C’est plus facile d’être un acteur local pour nourrir le marché UK, qui est le plus porteur et dynamique pour cette gamme de machines. De la même manière, nous avons dédié et modernisé notre usine en Turquie pour y fabriquer toute notre gamme de tracto pelles ». Rien d’étonnant là encore, puisque le volume global de ce dernier est de 2000 unités en 2021 (contre moins de 400 en France pour mémo). La même stratégie a été appliquée en Allemagne pour l’usine de chargeuses.

Le cœur de Mecalac, avec ses pelles à pneus (MWR et 12 MTX) et sur chenilles (MCR) reste, lui, à Annecy.  « Pour ces produits historiques, nos standards qualité sont reconnus à l’étranger. C’est, avec la polyvalence et la compacité, l’une des raisons qui explique le succès de nos machines Outre-Atlantique. Les États-Unis sont aujourd’hui devenus un marché significatif pour nous. Il y a un très gros potentiel pour Mecalac là-bas. Nous avons réussi à nous faire connaître et nous avons démontré l’efficacité de nos machines sur la côte Est, le même travail est en cours sur le reste du pays. Le concept Mecalac a pris ».

Là encore, le flair du dirigeant et les investissements de ces dernières années ont payé, au même titre que le développement de la gamme des MWR aux côtés de l’emblématique « 12 », cette machine incontournable des TP, créée par Henri Marchetta, le père d’Alexandre, et toujours identifiable – entre tous – sur n’importe quel chantier.
L’extension de la gamme, avec les MWR notamment, marquait, pour moi, l’empreinte et la vision d’Alexandre dans l’entreprise familiale. C’était un nouveau cap, vers un horizon tout aussi prometteur. Et la stratégie produit mise en place et les ambitions fortes du fabricant ont été largement récompensées par un certain effet « waouhh !» dès que les machines ont été présentées au public.


La gamme s’étoffe.


Il n’y a pas de succès sans vision et parfois un peu d’audace. La e12, première machine de 10 tonnes électrique sur le marché était dévoilée il y a près de 5 ans. C’était, pour l’époque, un projet révolutionnaire sur ce tonnage, et un brin avant-gardiste qui a été compliqué à faire aboutir jusqu’au stade de la production en série. Pourquoi ? « Il a fallu sourcer un spécialiste capable de nous concevoir et fournir des batteries fiables et dimensionnées aux besoins de nos machines et utilisateurs. La réponse est là aujourd’hui. La machine est en cours de test par les grands groupes de TP, et leurs retours sont prometteurs »

La tenue de la charge permet de travailler une journée complète sans interruption – c’est vérifié et validé sur le terrain – et la stabilité de la machine est tout simplement bluffante grâce au contrepoids naturel que représentent les packs de batterie. Au-delà de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le silence de la e12 en action est particulièrement apprécié, facilitant les échanges entre les opérateurs et favorisant l’acceptabilité des chantiers auprès des riverains des zones urbaines. La e12 est une machine dans l’ère du temps qui devrait faire des émules.  

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