Tunnel sous la Manche : un chantier historique

384
Tunnel sous la Manche

Il fait partie des chantiers d’exception. La construction du tunnel sous la Manche n’a pas été une mince affaire. L’histoire de ce tunnel est riche en rebondissement. On vous raconte tout.

Le Dig Tour 2024

Tout a commencé il y a fort fort longtemps. C’est en effet en 1802 qu’émerge l’idée de construire un tunnel permettant de relier la Grande-Bretagne à la France. Un ingénieur des Mines, Albert Mathieu Favier vient présenter au premier ministre britannique son projet de tunnel sous-marin à chaussée pavée éclairé par des lampes à huile. On peut dire que cet homme avait était pour le moins avant-gardiste !

Quelques années plus tard, en 1846, un ingénieur britannique cette fois, Henry Mottray, propose un projet de tunnel immergé, posé sur le lit du détroit et constitué d’éléments en fonte. Mais, les techniques de construction de l’époque ne permettent pas de réaliser ce projet trop en avance pour son époque ! Après d’autres projets irréalisables, c’est un autre Français qui suggère en 1856 une approche différente. Son idée séduit la reine Victoria, sujette au mal de mer : « Vous pouvez dire à l’ingénieur français que s’il parvient à faire cela, je lui donne ma bénédiction en mon nom personnel et au nom de toutes les ladies d’Angleterre« .

  • Hydrokit caméra TPA
  • kobelco sk75

Les premiers coups de pioche

Un traité de libre échange entre la France et l’Angleterre est signé en 1860, mettant un coup d’accélérateur au projet. Les propositions fusent pour trouver une solution pour relier les deux pays grâce à un lien fixe. Et, en 1867, un ingénieur présente un projet de tunnel sous-marin très proche de celui qui verra le jour 120 ans plus tard. Mais les Gouvernements de l’époque ne veulent pas investir réellement de l’argent. Aussi, William Low et Thomé de Gamond décident de se lancer sans l’appui financier des gouvernements et commencent à creuser les premiers mètres de galerie.

Mais, 7 ans plus tard, alors que 2 km de galeries ont été creusées des deux cotés, des tensions entre la France et l’Angleterre stoppent le chantier. Il faudra patienter jusqu’au début des années 1950 pour que des projets de tunnel revoient le jour. En 1966 Georges Pompidou et Harold Wilson décident d’entreprendre ce tunnel. Sauf que, en 1975, les gouvernements changent et les travaux sont interrompus.

L’argent: le nerf de la guerre

Au début des années 1980, le projet du tunnel sous la Manche refait surface avec François Mitterand et Margaret Tatcher. Et, Pierre Mauroy, maire de Lille, fervent défenseur du projet, obtient l’accord de la Dame de Fer à condition qu’il soit exclusivement financé par des fonds privés. Elle ne veut pas y mettre un centime.

En 1984, cinq grandes banques rendent un rapport qui indique que seul un double tunnel ferroviaire serait rentable et pourrait intéresser des investisseurs. Un appel d’offres est lancé. Quatre projets répondront. Transmanche express; qui mêle un tunnel routier et ferroviaire. Europont, qui pour sa part propose une partie tunnel et ne partie tunnel routier suspendu. Euroroute qui mêle route et ferroviaire. Et enfin, Eurotunnel, qui a été retenu.

Lancement du Tunnel sous la Manche

C’est en 1987 que commence le chantier du siècle, à Sangatte. Commence alors une course contre la montre pour creuser 3 tunnels: 2 ferroviaires et un de service. D’une longueur de 50 kilomètres dont 38 sous la mer. C’est dans l’immense puits de Sangatte, de 75 m de profondeur et 55 m de diamètre que les 5 tunneliers sont descendus pour débuter le forage des différentes galeries. Au total, il aura fallu 11 tunneliers pour mener à bien ce projet. Pendant cinq ans et demi, le projet mobilise 12 000 ingénieurs, techniciens et ouvriers qualifiés.

Le début des galères

Cependant, malgré une géologie plutôt favorable, dès les premiers kilomètres, les équipes rencontrent des difficultés. En effet, coté britannique, la craie bleue n’est pas en assez grande épaisseur sur la totalité du parcours. L’humidité joue des tours aux équipes et 18 mois plus tard, elles n’ont pu creuser que 3,5 km. Cela signifie que si elles veulent tenir les délais il faut qu’elles forent les 18 km suivant en seulement 10 mois.

Défi relevé !

Et, le 1er décembre 1990, c’est fait ! Graham Fagg et Philippe Cozette, tous deux tirés au sort parmi les équipes, donnent les derniers coups de marteau piqueur. Ils réalisent ainsi, dans le tunnel de service la première jonction historique sous la manche à 15,6 km de la France et 22,3 km de l’Angleterre.

Il faudra quatre années supplémentaires pour achever le tunnel sous la Manche dans son intégralité. La Reine soulignera lors de l’inauguration de cet ouvrage d’art exceptionnel que « L’alliance du pragmatisme britannique et de l’élan français a fait des merveilles« .

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

dix-huit − un =