La Ruche Industrielle, plateforme lyonnaise d’échanges et de recherches sur les industries de demain accueille le projet d’EDF, Volvo CE et Bosh Rexroth, sous financement ADEME, pour faire émerger d’ici à 3 ans des solutions pour accélérer le décarbonation des travaux urbains.
Concrètement, il s’agit de développer une pelle autonome de 5 t à 100 % électrique équipée de commandes électriques. Et dotée d’un cerveau hydraulique issu de la R&D de Bosh Rexroth, capable de réduite jusqu’à 35 % les besoins en énergie pour assurer les mouvements de la machine. EDF de son côté apporte sa contribution sur le développement d’une nouvelle génération de chargeurs électriques autonomes, dont l’exploitation est assurée par sa filiale Izivia. L’un sur batteries et l’autre à l’hydrogène issue d’une énergie hydroélectrique locale.
Mais pour bien faire comprendre cette démarche au plus grand nombre, notamment des décideurs publics, une première expérience concrète vient d’avoir lieu à Bron. Cette commune de la Métropole de Lyon est en phase avec le développement d’une mobilité électrique propre. Elle a pour objectif de mettre en place un réseau de 5 bornes électriques. Et s’aligner ainsi avec la politique de la Métropole qui vise l’installation de 1 000 bornes d’ici la fin de l’année.
Ce chantier expérimental, réalisé par les équipes de Serpollet (groupe Serfim) est de mettre en scène des matériels 100 % électriques comme une mini-pelle Volvo CE, ECR25 de 2,5 t, ainsi qu’un marteau piqueur et une pilonneuse. L’alimentation en béton se faisant par une toupie électrique montée sur châssis GNV. Avec aussi des matériaux de provenance locale ou recyclés. Pour finir avec un béton formulé avec un ciment bas carbone.
Avec les encouragements de la Métropole de Lyon et de la mairie de Bron, ce chantier expérimental produirait selon les analyses réalisées par les équipes R&D d’EDF, 40 % de gaz à effet de serre en moins ou 27 % si l’on intègre toute la logistique d’approvisionnement et l’évacuation des matériaux. Sans compter la diminution des nuisances sonores pour les riverains.
Des bénéfices à tous les niveaux
Ces réductions notables reposent sur l’utilisation d’un engin d’excavation électrique (60 % de gain par rapport à un modèle thermique). Mais aussi d’outils et de véhicules électriques (23%). L’usage d’un béton décarbonné offrirait quant à lui une réduction de 55 % par rapport à un BPE traditionnel.
Pour quantifier ces résultats, la R&D d’EDF s’appuie sur une analyse du cycle de vie (ACV) du chantier. Avec prise en compte de l’ensemble des étapes, de sa conception à sa mise en exploitation. Soit l’extraction des matériaux, la fabrication, les transports, la production in situ. Et même la fin de vie des matériels et des véhicules.
La recherche d’une économie circulaire est aussi un objectif de cette expérimentation. L’entreprise Serpollet traite les déblais en vue de leur recyclage pour une réutilisation en remblais recyclés normés. Les bétons formulés à base de ciment bas carbone sortent d’une centrale Vicat de proximité située sur le Port Edouard Herriot. Dans cette même logique de réduction de l’empreinte carbone du chantier, une seule couche d’enrobés est mise en œuvre.
Le cimentier Vicat fournit sur ce chantier un béton bas carbone « Deca » pour le scellement des bornes de recharge. Il est formulé à base d’un ciment « Naturat » produit en Haute-Loire, à base de pouzzolane naturelle. Substitut partielle au clinker Portland (produit semi-fini du ciment, concentrant le CO2).
Quant à la toupie électrique sur châssis GNV, elle garantit selon son constructeur Cifa Energya, une réduction de 96 % des émissions de CO2. Soit une économie de 10 kg CO2/m3 tous les 25 km pour la livraison du béton. Elle est aussi 2 fois moins bruyante qu’un moteur traditionnel. Elle permet aussi une baisse de 75 % des émissions de particules fines.
Du « Made in France »
Entre l’usine Volvo CE de Belley dans l’Ain, la direction régionale d’EDF AURA et Bosh Rexroth qui dispose historiquement d’un centre de recherche sur Lyon, le projet décarbonation est bien du « made in France« . D’ailleurs, l’usine de Belley accélère sa transformation vers le tout électrique pour sa gamme de mini-pelles.
Déjà 180 modèles ECR25 sont sortis des chaînes de production en 2021. Principalement à destination de la France et de la Norvège, deux pays où les investissements verts sont largement sponsorisés. Mais aussi les Etats-Unis qui commencent à s’intéresser de près à ces petites bêtes électriques. Cela tombe bien car un deuxième modèle de 1,8 t verra le jour chez Volvo CE en 2022.