Liebherr TA230 : À tombe(re)au ouvert !

1587
Liebherr TA 230
Le Liebherr TA230... on l'a vu, testé ... et approuvé

C’est sous un sympathique soleil en Nouvelle Aquitaine que nous avons eu le privilège de découvrir et prendre en main les premiers tombereaux Liebherr TA 230 arrivés sur le sol français. Une rencontre magique… avec ce dernier né sur lequel la marque mise beaucoup.

Le Dig Tour 2024

Avec le TA230 Litronic (ou G8 si on le rapproche des dernières générations de pelles et de bulls), l’enjeu est double (et de taille) pour Liebherr. Premièrement, se (re)faire une place de choix sur le segment du tombereau en France et en Europe pour commencer, et deuxièmement, faire oublier les déboires et l’échec de la première version arrêtée il y a 6 ans maintenant. Qui collait un peu comme un chewing-gum sous la chaussure. Désormais, c’est fight club. Et la règle numéro un : c’est qu’on ne parle pas du fight club. Néanmoins…

C’est en tombant qu’on apprend

La marque allemande a beaucoup appris de ses erreurs. C’est avec courage qu’après avoir stoppé sa production de TA230 (la « G1 » pourrait-on dire), notamment pour des problèmes récurrents, le fabricant repart d’une page blanche pour développer un tombereau « from scratch ». Et bien décidé à s’imposer sur ce marché, Liebherr se donne les moyens de ses ambitions. On prend son temps pour faire bien. Cinq longues années de développement, de recherche et développement, un terrain d’essai conçu pour lui faire passer des épouvantables tests de longévité et de stress (plus de 2000 heures cumulées) afin d’éprouver et pousser dans leurs dernières limites chacun des composants. Rien n’est laissé au hasard. Pas le droit à l’erreur. Liebherr le sait.

  • Hydrokit caméra TPA
  • kobelco sk75

Très épuré, le tableau de bord du TA 230 est réduit à sa plus simple expression. Très efficace.

Un pari réussi ?

Si l’attente est là, manifestement, le produit aussi. Les 5 premiers exemplaires livrés en France appartiennent à la flotte de Liebherr Location qui peut ainsi les suivre aisément, et les voir évoluer dans des conditions variées. Au gré des clients et des chantiers. Les TA230 que nous avons essayé en exclusivité étaient à l’oeuvre sur un chantier Buesa à Soulac-sur-Mer (33). Celui-ci consistait à reprendre du sable (60 000 m3) sur une partie de la plage pour l’emmener à près de 2 km de là. Mais par la plage, s’il vous plait. Et quand les conditions le permettent, afin de recréer une dune qui est inlassablement mangée par les vagues toute l’année.
Si le chantier a l’air simple sur le papier, il l’est bien moins sur le terrain.

L’échelon, composé de 6 tombereaux, ne peut fonctionner que pendant les heures de marées basses. Les conditions sont versatiles, changeantes, le sol n’est pas le même partout, parfois porteur, parfois pas du tout. Des ornières profondes dans le sable sec succèdent à de longues étendues de sable invariablement mou. Chaussés de Trelleborg EMR (des 23.5 R 25), les TA 230 affrontent des rivaux historiques, avec deux Caterpillar 730 et deux Volvo A30 en ligne de mire. Ça ressemble un peu à un pub rempli de bikers tatoués et costauds. Un parfum de challenge flirte avec un arrière goût de revanche, comme si Liebherr voulait, malgré lui, reprendre à nouveau sa place sur ce podium.

Les accès cabine ou pour la maintenance sont bien pensés. Faciles et sécures.

Sans rougir

Des atouts ? Le Liebherr en a. Les années de travail ont permis de donner naissance à une machine dotée d’un vrai confort, d’un look indéniablement réussi, et de caractéristiques qui n’ont pas à le faire rougir devant la concurrence. D’un poids de 25 t à vide, le TA230 peut embarquer 28 t de charge utile. Sa benne dispose d’une porte arrière qui, si elle interdit le transport de très gros blocs, permet de prendre un m3 de plus à chaque voyage. Le levage / descente de benne peut d’ailleurs être automatique ou manuel, et propose deux options d’arrêt. Soft, en douceur, ou Hard, auquel cas la benne claque pour faire tomber des matériaux éventuellement collant.

D’ailleurs, pour ceux qui se posent la question, le chauffage de la benne est « traditionnel », et les pots reliés à la benne via un collecteur situé juste au-dessus de l’articulation. Les ouïes d’extraction des gaz d’échappement en fin de benne, façon branchies de requin, sont d’ailleurs conçues pour laisser passer les condensats.

Accès facilités

Malgré cette grande capacité de chargement, la conception de la machine permet de contenir sa largeur en deçà de 3 m, y compris avec la porte… facilitant ainsi ses transferts sans rentrer dans les compliqués convois exceptionnels. La motorisation « maison » est un moteur 6 cylindres de 12 l, et développe 360 ch (Stage V bien sûr). Son accès est d’ailleurs particulièrement bien fait grâce à un large capot à l’ouverture électrique. Il laisse vraiment de la place pour le mécanicien pour atteindre des composants. En parlant d’accès, le TA 230 regorge de petits détails bien pensés.

L’accès à la cabine est très réussi. J’ai pu y accéder facilement avec un appareil photo encombrant et une GoPro dans la main, genre de truc impossible ou vraiment casse gueule la plupart du temps. Il y a même une LED dédiée au marche pied qui s’allume via un petit bouton placé à portée de main lorsque l’on monte, ou qui s’allume depuis la cabine lorsque l’on descend. La cabine dispose de nombreux et spacieux rangements, un petit frigo (une bouteille d’1.5l tient), et même… un porte lunette intégré. Sur la droite de l’opérateur, il y a même un porte téléphone de série, situé tout près de 2 ports USB. Les chauffeurs apprécieront.

Spacieuse, confortable et ergonomique. La nouvelle cabine a beaucoup évolué. La visibilité aussi, mais ça, c’était pas dur 😉

Une ergonomie redéfinie

On sent que le tableau de bord a fait l’objet de beaucoup d’attentions. Hyper épuré… C’est superbe et efficace. On ne retrouve que deux petits « pads » qui regroupent les boutons. À gauche de l’opérateur pour la partie des feux, à sa droite pour le reste (démarrage, commande frein de park, mode de traction, sélecteur de benne (auto / manuel) et soft ou hard stop, autoradio). Et un moniteur de 9′ bien placé (dans l’angle droit) regroupe toutes les informations moteur. Fini l’écran central derrière le volant (basculant et réglable en hauteur), désormais, on fait place nette pour une visibilité optimale.

Deux petites commandes façon Volvo, l’une pour le FNR, et l’autre pour les levages et descentes de benne, se situent à droite de l’opérateur. Elles tombent naturellement à portée de main. Le siège conducteur suspendu (c’est indispensable) amortit franchement les mouvements du sol. Le strapontin, lui, ne corrige aucun défaut du sol. Comme je le dis toujours, quelle que soit la marque, c’est vraiment une punition… et une séance assurée chez l’osthéo après un passage un peu long sur ce pouf casse vertèbre en condition réelle d’utilisation !

Le poste de l’opérateur est donc franchement confortable, correctement insonorisé. La visibilité est une vraie réussite. Le moteur a été incliné de 7° vers l’avant pour permettre de faire un capot le plus plongeant possible. Une caméra arrière située sous la benne est reprise en permanence sur l’écran. Les rétroviseurs sont réglables électriquement depuis la cabine, et les vitres sont faciles à nettoyer : l’opérateur peut en effet marcher tout autour de celle-ci en toute sécurité.

Quand on parle de visibilité !!

À l’usage

Sur le sable, très tirant, le TA 230 ne démérite pas. Il passe et consomme « comme les autres », dans les mêmes conditions. Sa boîte ZF automatique à 8 rapports avant et 4 arrières est bien étagée, et elle régule les rapports « intelligemment », en fonction de la motricité nécessaire. Et les conditions sur le sable n’ont rien d’une paisible promenade, malgré la splendide vue qu’elle apporte. Le blocage longitudinal de la boîte est automatiquement verrouillé jusqu’à 25 km/h. Au-delà, la machine hisse et descend les rapports en fonction du couple idéal.

Sur les quelques aller-retours que nous avons pu faire, dans les ornières déjà tracées ou hors de celles-ci, elle a géré sans broncher. On met « godasse » dès le départ, et elle fait le reste, jusqu’à passer en 8ème une fois les 40 km/h dépassés, quand le matériau est roulant.
Pour ceux qui préfèrent, il est possible de passer en mode verrouillage permanent, auquel cas, elle reste enclenchée. Pour les puristes, il est possible de se passer complètement du système… à vous de choisir : suivre son instinct ou celui de la machine.

Une benne pouvant accueillir 28 t de matériaux.. la catégorie reine en France et en Europe.

Bilan

Très franchement, difficile de se faire un avis sur quelques kilomètres de plage. Le TA230 passe sans problème comme ses principaux rivaux, parfois même mieux. L’un d’entre eux était profondément tanké pas plus tard que la veille de notre essai. C’est déjà la première étape du succès. Même en conditions réelles et exigeantes pour la machine, le TA230 donne envie de s’échapper à son volant… enfin plus sur le siège conducteur que le strapontin 😉

Cette rencontre avec ce phoenix sous un joli soleil aquitain ne pouvait mieux se passer. Le TA230 a prouvé sur ces premiers tours de roues qu’il pouvait faire aussi bien que les têtes d’affiches actuelles. Le cahier des charges est respecté. Les ingénieurs et les concepteurs de la machine ont aligné les planètes pour frayer un chemin vers le podium. Maintenant, y a plus qu’à !

Les deux premiers TA 230 en action en Aquitaine !!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

onze − 4 =