Femmes et fans de TP, la suite…

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Elodie Richard Guintoli NGE
Elodie Richard opère sur des grosses machines chez Guintoli, des pelles jusqu'à 80 T et des tombereaux rigides

Quand on parle à Elodie de purs « matos », ça la fait tilter. Il faut dire qu’elle a dans ses bottes 15 ans passés derrière un volant ou des manettes d’engins TP chez Guintoli, du groupe NGE. Et que sur des grands chantiers LGV ou élargissement autoroutier.

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Elle aime cette vie, un peu nomade dans l’âme. En plus, elle a cette chance de vivre le chantier en couple, son compagnon est bulliste dans la même boîte. Pourtant, Elodie Richard n’était pas vraiment faîte au départ pour ce métier majoritairement masculin. Elle n’est ni née dans une cabine, ni fréquentée très tôt le monde des chantiers. Mais ça, c’était avant qu’un de ses potes l’emmène avec lui faire un tour dans un gros dumper rigide. Et même lui faire toucher le volant.

C’est un déclic qui se produit pour Elodie. Ni une, ni deux, en 6 mois, elle passe son certificat d’aptitude à la conduite et s’inscrit en Intérim pour prendre le volant de ces engins roulants hors-normes. Elle a 25 ans. C’est le début de son histoire avec le monde des grands chantiers. « Je n’ai jamais été impressionnée par la taille de ces machines. C’est surtout leur gabarit imposant qui demande de l’attention. Sur les chantiers de terrassements de pleine masse pour lignes LGV ou autoroutes, la place ne manque pas. Sur des élargissements routiers, c’est une toute autre affaire. Mais dans tous les cas, on doit suivre des procédures au niveau sécurité de plus en plus draconiennes », évoque Elodie qui constate tous les ans des mesures de sécurité modifiant en profondeur les méthodes de travail.

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Faire toujours mieux

Pour autant, la femme qu’elle est resurgit quand on parle des différences avec ses collègues masculins. Elle sait qu’elle doit prouver aux yeux de tous qu’elle est capable de conduire tous ces gros matériels qui doivent envoyer le plus de cubes possibles. En un temps record. Sur les lots de LGV, on parle d’ailleurs en millions de m3 de déblais remblais, donc autant faire vite et bien pour charger un échelon de rigides ou d’articulés qui se pressent sous son godet. « Je sais que je vais être jugée. Alors je dois être attentionnée, précise et productive pour faire toujours mieux que les autres…parce que, pour certains collègues, je suis une fille qui n’a pas forcément sa place sur ce siège », raconte encore Elodie.

Mais rassurez-vous, cela fait déjà longtemps qu’elle a passé ce cap de l’acceptation. Elle fait bien partie des équipes terrassement de Guintoli, du groupe NGE, même si elle regrette de ne pas voir beaucoup de femmes sur ses chantiers. Après, elle en a vu… du pays, passant par les quatre coins de France. Et puis elle n’a pas hésité à se former pour opérer sur des pelles. Elle est passée par le centre NGE de formation, communément appelé ‘ Plateforme ’, un ‘ plus ’ indéniable pour être à l’aise et faire le boulot à l’ancienne, sans GPS. « Je considère que les outils de navigation, c’est un bon repère mais jamais une façon d’apprendre le métier. Le bon pelleur, c’est celui qui travaille à l’oeil et qui a le bon geste, précis et souple », ajoute Elodie.

Savoir s’arrêter à temps

Si elle aime ce qu’elle fait dans sa vie, elle avoue avoir quitté le mode caravane et ce côté de trop de proximité avec les ‘gars’. Elle est passée au meublé, d’autant plus qu’elle vit désormais sur les chantiers avec son “homme”. Alors, c’est quoi la suite pour Élodie ? Consolider son expérience de la pelle pour être la plus polyvalente possible. Elle sait faire du cube, charger, taluter… mais elle sait aussi qu’elle ne pourra pas faire ça toute sa vie.

« C’est un métier qui ‘ casse ‘. Le corps subit les vibrations, même si le confort des machines a bien évolué. Et puis il y a l’ambiance de chantier qui est parfois assez difficile à vivre. J’ai du caractère et c’est bien dans ce métier. Car il faut savoir aussi ne pas se laisser faire. Mais il y a des jours où c’est un peu pesant », explique-t-elle.

Le monde de la formation la tente bien. Elle est d’ailleurs tutrice sur les chantiers. Elle est aussi déléguée du personnel. Autant de missions qui lui plaisent bien dans l’aspect relation humaine. Alors elle veut évoluer à son rythme. Sans pour autant griller les étapes. Pourquoi pas chef d’équipe. ?

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